neurs du désert et de mieux comprendre les saintes lois de l’hospitalité.
— Je vous remercie de la bonne opinion que vous voulez bien avoir de moi. J’espère que vous ne nous quitterez pas encore, et que vous consentirez à demeurer quelques jours avec nous.
— Je le voudrais, don Miguel ; Dieu m’est témoin que je serais heureux de jouir, pendant quelque temps, de votre charmante compagnie ; malheureusement cela m’est absolument impossible.
— Il serait vrai ?
— Hélas ! oui, un devoir impérieux m’oblige à vous quitter aujourd’hui même ; vous me voyez au désespoir de ce fâcheux contre-temps.
— Quel motif assez puissant peut vous contraindre à vous éloigner aussi brusquement ?
— Mon Dieu, un motif bien trivial, et qui probablement vous fera sourire. Je suis négociant à Santa-Fé ; il y a quelques jours, les faillites successives de plusieurs négociants de Monterey, avec lesquels je suis en rapports suivis d’affaires, m’ont obligé à quitter subitement ma maison, afin de tâcher de sauver par ma présence quelques bribes du naufrage dont je suis menacé ; je me suis mis en route sans demander avis à personne, et me voilà.
— Mais, objecta don Miguel, vous êtes fort loin de Monterey encore.
— Je le sais bien, et c’est ce qui me désespère ; j’ai une peur affreuse d’arriver trop tard, d’autant plus que j’ai été averti que les gens auxquels j’ai affaire sont des fripons ; les sommes qu’ils ont à moi sont considérables et forment, s’il faut vous l’avouer, le plus clair de ma fortune.
— Caspita ! s’il en est ainsi, je comprends que vous ayez hâte d’arriver.
— N’est-ce pas ?