Les jeunes filles et le guerriers se dirigèrent vers la ville.
— Montons sur la colline, dit don Miguel, afin de les revoir une dernière fois.
— J’allais vous le proposer, répondit simplement le chasseur.
Ils reprirent, avec les mêmes précautions, la place qu’ils avaient pendant quelques minutes occupée la nuit précédente.
Aux rayons resplendissants du soleil qui s’était levé radieux, la verte campagne avait pris un aspect véritablement enchanteur. La nature s’était pour ainsi dire animée, et un spectacle des plus variés avait remplacé l’aspect sombre et solitaire sous lequel elle leur était apparue la veille.
Des portes de la ville, qui étaient ouvertes, sortaient des groupes d’Indiens à pied et à cheval, qui se dispersaient de tous les côtés, avec des cris de joie et des éclats de rire stridents. De nombreuses pirogues sillonnaient la rivière, les champs se peuplaient de troupeaux de vigognes et de chevaux conduits par des Indiens armés de longues gaules, qui, venus des environs, se dirigeaient vers la ville. Des femmes bizarrement vêtues et portant gaillardement sur leur tête de longues mannes en osier remplies de viandes, de fruits ou de légumes, marchaient en causant entre elles, et accompagnant chaque phrase de ce rire continuel, saccadé et métallique dont les peuplades indiennes ont le secret et dont le bruit ressemble assez à celui que produirait la chute d’une quantité de cailloux sur un plat de cuivre.
Les jeunes filles et leur guide ne tardèrent pas à se mêler à cette foule bigarrée, au milieu de laquelle elles disparurent.
Don Miguel poussa un soupir.
— Partons, dit-il d’une voix profonde.
Ils regagnèrent la forêt.