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toujours ; pas un muscle de son visage ne bougeait.

En le voyant les examiner ainsi, les Indiens ne purent s’empêcher de tressaillir ; ils tremblèrent à la vue de cet homme muet et sans armes, dont le regard perçant semblait vouloir lire au fond de leurs cœurs.

Curumilla posa le doigt sur la poitrine d’un Indien.

Un ! dit-il, et il passa.

— Sortez ! dit Valentin au Peau-Rouge.

Celui-ci se mit à l’écart.

Curumilla en désigna ainsi successivement neuf, puis il rejoignit ses amis.

— Est-ce tout ? lui demanda Valentin.

— Oui, répondit-il.

— Désarmez ces hommes et attachez-les solidement, commanda le comte.

On lui obéit.

Don Luis s’approcha alors des Apaches.

— Que mes frères reprennent leurs armes et remontent sur leurs coursiers, dit-il ; ce sent de vaillants guerriers ; les visages pâles ont apprécié leur courage, ils les estiment ; mes frères retourneront dans leurs villages, ils diront aux anciens et aux sages de leur nation que les blancs qui les ont vaincus ne sont pas des hommes cruels comme les féroces Yoris — Mexicains, — qu’ils désirent enterrer la hache si profondément entre eux et les Apaches, que jamais on ne la puisse retrouver avant dix mille lunes.

Un Indien se détacha du groupe, fit deux pas en avant, et saluant avec majesté :

— Le Cœur-Fort est un guerrier terrible ; c’est