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honteux d’être ainsi tenus en échec par des ennemis en apparence si misérables.

— Tue ! tue !

Les Indiens répondaient par leur cri de guerre.

Un chef indien, monté sur un magnifique cheval noir et le corps nu jusqu’à la ceinture, caracolait au premier rang des siens, abattant et assommant avec son casse-tête tous les ennemis qui s’avançaient à portée de son bras. Deux fois il avait lancé son coursier sur les barricades, et deux fois il les avait escaladées sans parvenir à les franchir complétement.

Ce chef était Mixcoatzin. Son œil noir étincelait d’un feu sombre ; son bras semblait infatigable, et chacun s’éloignait de cet ennemi redoutable et qui paraissait invincible.

Le sachem, cependant, redoublait d’audace, appelant incessamment les siens et insultant les blancs par ses cris et ses gestes ironiques.

Tout à coup, une troisième troupe apparut sur le champ de bataille, où, grâce aux brasiers, il faisait clair comme en plein jour. Mais cette troupe, composée, comme la seconde, de cavaliers, au lieu de se joindre aux Indiens, se déploya en demi-cercle et les chargea avec fureur en criant :

A muerte ! a muerte !

La voix puissante de Valentin domina en ce moment le tumulte de la bataille et parvint jusqu’à ceux qu’il voulait avertir.

— À présent ! à présent ! cria-t-il.

Le comte l’entendit. Se tournant alors vers une cinquantaine d’aventuriers qui depuis le commencement du combat se tenaient immobiles, frémissants et l’arme au pied derrière lui