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— Très bien ; de cette façon nous n’avons rien à redouter de lui.

— Absolument rien.

— Personne n’a vu don Valentin ni le chef indien ?

— Non, ils sont sortis tous deux au coucher du soleil, depuis ils n’ont pas reparu.

Tout en causant ainsi, les deux interlocuteurs étaient tournés vers le dehors, et leurs yeux examinaient attentivement la plaine ; aussi firent-ils un geste d’étonnement et presque d’épouvante en apercevant tout à coup un homme qui sembla sortir de terre et se dressa entre eux comme un fantôme.

— Valga me Dios ! s’écria le superstitieux Espagnol en se signant, qu’est-ce que c’est que ça ?

Le comte saisit vivement un revolver à sa ceinture.

— Ne tirez pas ! s’écria le nouveau venu en lui posant la main sur le bras.

— Curumilla ! s’écria le comte avec surprise.

— Silence ! fit l’Araucan.

— Où est Valentin ?

— C’est lui qui m’envoie.

— Les Peaux-Rouges ne nous attaqueront donc pas cette nuit ?

Curumilla regarda le comte avec étonnement.

— Mon frère ne les voit donc pas ? dit-il.

— Où cela ? fit le comte avec surprise.

— Là, répondit Curumilla en étendant le bras dans la direction de la plaine.

Don Luis et don Cornelio regardèrent pendant quelques instants avec l’attention la plus soutenue ; mais, malgré tous leurs efforts, ils n’aperçurent rien ; la plaine était toujours aussi nue, éclairée par les reflets rougeâtres des brasiers ; çà et là