Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces hommes qui, l’oreille au guet et le doigt sur la détente du rifle, attendaient impassibles l’apparition de leurs ennemis.

Cependant les heures s’écoulaient lentement les unes après les autres sans que rien vînt justifier les craintes émises par Valentin d’une attaque prochaine.

Le comte se promenait à grands pas dans l’église qui lui servait de retraite, écoutant avec anxiété les moindres bruits qui s’élevaient par intervalles dans le silence. Parfois il jetait vers la campagne déserte un regard d’impatience et de colère ; mais rien ne bougeait, le même calme continuait toujours à peser sur la nature.

Fatigué de cette longue et énervante attente, il sortit de l’église et se dirigea vers les retranchements.

Tous les aventuriers étaient à leurs postes étendus sur le sol et le doigt sur la détente du rifle.

— N’avez-vous rien vu, rien entendu encore ? demanda le comte, bien qu’il sût d’avance la réponse qui lui serait faite, mais plutôt dans le but de tromper son impatience que pour toute autre cause.

— Rien ! répondit froidement don Cornelio, qui se trouva par hasard auprès de lui.

— Ah ! c’est vous, dit le comte, et le colonel Florès, qu’en avez-vous fait ?

— J’ai suivi vos instructions, commandant. Il dort.

— Vous en êtes sûr ?

L’Espagnol sourit.

— Je réponds qu’il dormira ainsi au moins jusqu’au lever du soleil, fit-il, j’ai bien fait les choses.