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discuterez entre vous ; si elle ne vous agrée pas, tout sera dit. Maintenant, voici la seconde : le Mexique, depuis son émancipation, croupit dans la plus honteuse barbarie ; il serait beau de régénérer ce peuple, ou tout au moins de le tenter. L’émigration américaine des États-Unis envahit en ce moment la Californie, ne laissant aux autres émigrants aucun moyen, je ne dis pas de prospérer, mais seulement de se maintenir sur un pied d’égalité avec elle. Nous sommes en Sonora deux cents Français résolus, bien armés et bien disciplinés, emparons-nous d’une grande ville afin d’avoir une base d’opération ; puis appelons à nous l’émigration française de Californie et de toute l’Amérique, émancipons la Sonora, faisons-la libre et forte, civilisons-la malgré elle, et non-seulement nous aurons créé un débouché pour l’émigration française, mais nous aurons régénéré un peuple et formé une colonie qui balancera avantageusement l’influence nord-américaine dans ces parages et opposera une digue infranchissable à ses empiétements incessants ; nous aurons acquis des droits à la reconnaissance de notre pays et nous nous serons vengés de nos ennemis comme les Français se vengent, c’est-à-dire en répondant à leurs insultes par des bienfaits. Voilà, messieurs, les deux seuls partis que nous ayons à prendre et qui soient dignes d’hommes comme nous. Pesez avec soin mes paroles, réfléchissez mûrement à mes propositions, et demain, au lever du soleil, vous me ferez connaître vos intentions par la bouche de vos officiers. Souvenez-vous surtout d’une chose, compagnons, c’est que vous devez maintenir entre vous une discipline rigide, m’obéir passivement et avoir