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ciers français, le tumulte se calma peu à peu, et tout rentra dans un état à peu près normal.

Le général Guerrero, atterré dans le premier moment de l’effet produit sur les Français par les malencontreuses propositions dont il s’était fait le porteur, n’avait cependant pas tardé à se rassurer, surtout en voyant avec quelle abnégation et quelle loyauté le comte l’avait protégé contre la juste indignation de ses compagnons. Sûr à peu près de ne courir aucun risque, grâce au noble caractère de l’homme qu’il avait si indignement trompé, il résolut d’en finir et de frapper un grand coup.

— Caballeros, dit-il de cette voix mielleuse particulière aux Mexicains, permettez-moi de vous dire quelques mots.

À cette demande, le tumulte fut sur le point de recommencer ; cependant le comte réussit à obtenir un silence orageux, s’il est permis d’employer cette expression.

— Parlez, général, lui dit-il.

— Messieurs, reprit don Sébastian, je n’ai que quelques mots à ajouter : le comte de Prébois-Crancé vous a lu les conditions que le gouvernement vous impose, mais il n’a pu vous lire quelles seraient pour vous les conséquences d’un refus d’obéir à ces conditions.

— C’est vrai, en effet, monsieur ; soyez donc assez bon pour nous les faire connaître.

— C’est pour moi un bien terrible devoir à remplir ; cependant, je le dois dans votre intérêt, caballeros.

— Au fait ! au fait ! crièrent les aventuriers.

Le général déploya une pancarte, et après un