bien, je vais vous le dire, fit Valentin en s’asseyant paisiblement auprès de lui.
Le premier moment de surprise passé, le bandit reprit tout son sang-froid et toute son audace, et regardant effrontément le chasseur :
— By God ! je ne vous connais pas, compagnon, répondit-il ; mais je dois avouer que c’est bien joué !
— Vous êtes connaisseur.
— Un peu.
— Oui, je le sais.
— Seulement vous avez serré un peu trop fort, votre diable de reata m’entre dans les chairs.
— Bah ! vous vous y habituerez.
— Hum ! fit le bandit ; ainsi vous avez entendu tout ce que nous avons dit ?
— À peu près.
— Le diable m’emporte, on ne peut plus causer au désert sans avoir quelqu’un aux écoutes.
— Que voulez-vous, c’est malheureux.
— Enfin, il faut bien en prendre son parti. Vous disiez donc ?
— Moi ? je ne disais rien du tout.
— Ah ! excusez-moi alors, je croyais que vous m’interrogiez. Il est probable que ce n’est pas complétement dans le but de vous divertir que vous m’avez ficelé comme une carotte de tabac.
— Cette observation ne manque pas de justesse, j’avais effectivement un autre but.
— Lequel ?
— Celui de jouir un instant de votre conversation.
— Vous êtes mille fois trop bon.