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— C’est aujourd’hui ? demanda le comte.

— Oui, répondit Valentin.

Louis prit son frère de lait à part.

— Jure-moi de protéger cette enfant lorsque je ne serai plus là pour le faire.

— Je te le jure, répondit Valentin d’une voix brisée.

Doña Angela entendit ces paroles ; la jeune fille sourit tristement en essuyant une larme.

— Maintenant, frère, il est un autre serment que j’exige de toi.

— Parle, frère.

— Jure d’accomplir ce que je te demanderai, quoi que ce puisse être.

Valentin regarda son frère de lait ; il vit une telle anxiété peinte sur son visage qu’il baissa la tête.

— Je le jure ! dit-il d’une voix sourde.

Il avait deviné ce que don Luis allait exiger de lui.

— Je ne veux pas que tu me venges ! Crois-moi, frère, Dieu se chargera de cette vengeance, et, tôt ou tard, il punira mes ennemis d’une façon plus terrible que tu ne pourrais le faire. Me promets-tu de m’obéir ?

— Tu as ma parole, frère, répondit le chasseur.

— Merci. Maintenant, laisse-moi dire adieu à cette pauvre enfant.

Et il alla vers doña Angela qui, de son côté, s’avança vers lui.

Nous ne rapporterons pas leur entretien. Ils oublièrent tout pendant une heure pour vivre un siècle de joie en s’isolant à eux deux et en se parlant cœur à cœur.

Tout à coup un bruit assez fort se fit entendre au