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qu’il nous répugnait de montrer dans toute leur hideur.

Malgré la promesse solennelle faite par don Antonio Pavo devant tous les volontaires, quelques jours après son arrestation illégale, le comte de Prébois-Crancé fut mis en jugement et l’instruction commença.

Les Européens s’émurent de cette déloyauté, plusieurs d’entre eux allèrent trouver don Antonio Pavo pour lui rappeler sa promesse et le sommer de la tenir.

Alors don Antonio répondit que jamais il n’avait rien promis, que cette affaire ne le regardait pas.

Cependant l’instruction du procès du comte se poursuivait activement, tous les officiers du bataillon, le commandant compris, furent interrogés ; tous, un excepté, cherchèrent, nous sommes contraint de l’avouer, à rejeter le blâme de leur conduite sur le comte.

Aucun témoin à décharge ne fut entendu. Qu’en était-il besoin ? l’accusé était condamné d’avance.

Lorsque le comte avait été arrêté, il portait en ceinture les pistolets qu’il avait pris pour marcher au combat. Le général Guerrero ordonna qu’on les lui laissât ; il espérait sans doute que Louis, poussé par le désespoir, se ferait dans un moment d’oubli sauter la cervelle, et lui éviterait ainsi la honte de signer son arrêt de mort. Mais il ne connaissait pas le caractère de son ennemi : le comte avait l’âme trop fortement éprouvée par cette pierre de touche sublime qu’on nomme le malheur, pour recourir au suicide et ternir la fin de sa carrière.

Cependant Valentin n’était pas demeuré inactif ;