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Le comte se retira.

Le lendemain les insultes recommencèrent ; les Français aperçurent, se promenant et se paradant dans les rues, les assassins que la veille le général avait promis de punir.

Alors une sourde fermentation commença à agiter le bataillon et une nouvelle députation, à la tête de laquelle fut placé le comte, fut envoyée au général.

Le comte demanda péremptoirement que justice fût rendue, que deux canons fussent livrés au bataillon pour sa sûreté, et que les civicos fussent immédiatement désarmés, car c’étaient surtout ces hommes, gens sans aveu, pour la plupart sortis de la lie du peuple, qui occasionnaient tous les désordres.

Encore une fois, le général protesta de son bon vouloir pour les Français, leur promit de leur remettre deux canons, mais il ne voulut pas entendre parler du désarmement des civicos, disant que cet acte pourrait indisposer la population et produire un mauvais effet.

En accompagnant les Français jusqu’à la porte de son salon, il leur annonça que pour leur prouver la confiance qu’il avait en eux, il irait lui-même et sans suite écouter leurs griefs à leur caserne.

La démarche que tentait le général était hardie, par cela même elle devait réussir, surtout avec des Français, connaisseurs en bravoure et justes appréciateurs de tout ce qui est audacieux.

Le général tint sa promesse, il se rendit en effet seul au quartier français, malgré les recommandations de ses officiers ; il répondit même à ce sujet un mot qui prouve combien il connaissait le caractère de notre nation et celui du comte.