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le sauva au péril de sa vie, c’en était fait du comte.

Les aventuriers demeurèrent une douzaine de jours abandonnés sur un îlot.

— Des Romains auraient vu un présage dans notre naufrage, dit le comte en soupirant, et ils auraient renoncé à une expédition si malheureusement commencée.

— Nous serions sages de suivre leur exemple, répondit Valentin avec tristesse, il en est temps encore.

Le comte haussa les épaules sans répondre. Quelques jours plus tard ils arrivèrent à Guaymas.

Le señor Pavo reçut admirablement le comte et voulut lui-même le présenter au général.

— Je veux faire votre paix, lui dit-il.

Don Luis se laissa conduire. Le cœur lui battait en songeant qu’il allait peut-être revoir doña Angela.

Il n’en fut rien.

Le général fut extrêmement gracieux pour le comte ; il lui parla avec une feinte franchise et parut prêt à accepter ses propositions.

Don Luis lui amenait deux cents hommes, des armes, et mettait son épée à sa disposition, s’il avait l’intention de se joindre au gouverneur-général Alvarez.

Le général Guerrero, sans répondre positivement à ces avances, laissa cependant voir qu’elles ne lui déplaisaient pas ; il alla même plus loin, car il promit presque au comte de lui donner le commandement du bataillon français, promesse que le comte eut de son côté l’air d’accueillir avec le plus grand plaisir.

Cette entrevue fut suivie de plusieurs autres, où,