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immense sur les déterminations ultérieures de don Luis.

Les Mexicains avaient été si magnifiquement battus par les Français à Hermosillo, qu’ils avaient conservé d’eux le plus touchant et le plus respectueux souvenir. Le général Guerrero, qui, ainsi que le lecteur a été à même de le voir, était rempli d’imagination, avait fait une réflexion pleine de logique et de bon sens à ce sujet ; il s’était dit que si les Français avaient battu à plate couture les Mexicains, qui, on le sait, sont des soldats extrêmement redoutables, à plus forte raison ils battraient les Indiens, et même au besoin les yankees, ces gringos, comme les nomment les Sud-Américains, dont ils ont une terreur affreuse, et qu’ils s’attendent à chaque instant à voir envahir le Mexique. En conséquence de son raisonnement, le général Guerrero avait formé à Guaymas même un bataillon entièrement composé de volontaires français commandés par des officiers français, et dont le service se borna provisoirement à faire la police du port et à maintenir l’ordre dans la ville.

Malheureusement, le chef de ce bataillon, officier probe et bon soldat, n’était peut-être pas complétement l’homme qui aurait dû se trouver à la tête de ces volontaires. Ses idées un peu étroites et mesquines n’étaient pas à la hauteur de la position qu’il occupait, et des mésintelligences graves ne tardèrent pas à éclater entre les Mexicains et les étrangers, mésintelligences probablement encouragées en dessous main par certaines personnes influentes, mais qui placèrent le bataillon, malgré l’esprit conciliant de son chef et les efforts qu’il tenta pour rétablir le