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Sonora Curumilla, chargé de les tenir au courant des événements.

Le général s’était fait un mérite auprès de sa fille de la générosité avec laquelle il avait traité le comte ; puis il l’avait, en apparence, laissée libre de ses actions, espérant qu’avec le temps elle oublierait son amour et consentirait à seconder certains projets qu’il ne lui laissait pas encore entrevoir, mais qui consistaient à la marier à un des personnages les plus influents du Mexique.

Cependant, des mois s’étaient écoulés ; le général, qui comptait sur l’absence du comte et surtout sur le manque de nouvelles de lui, pour guérir sa fille de ce qu’il nommait sa folle passion, fut tout étonné lorsqu’il voulut, un jour, causer avec elle des projets qu’il nourrissait en secret et du mariage qu’il projetait pour elle, de l’entendre lui répondre nettement ceci.

— Mon père, je vous ai dit que j’épouserai le comte de Prébois-Crancé, nul autre n’obtiendra ma main, vous-même aviez consenti à cette union, je me considère donc comme liée à lui, et tant qu’il vivra je lui demeurerai fidèle.

Le général fut d’abord assez interloqué de cette réponse. Bien qu’il connût la fermeté du caractère de sa fille, il était loin de s’attendre à une persistance si obstinée. Cependant au bout d’un instant il reprit sa présence d’esprit, et se penchant vers elle il la baisa au front en lui disant avec une feinte bonhomie :

— Allons, méchante enfant, le vois qu’il faut que je fasse ce que tu veux, quoiqu'il m’en coûte beaucoup, eh bien, je tâcherai, j’essaierai, il