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— Voilà de bonnes paroles, général ; pourquoi faut-il qu’elles soient stériles ?

— Vous vous trompez, comte ; bientôt j’espère vous prouver le contraire. Mais laissons cela quant à présent et venons aux griefs dont vous avez à vous plaindre. Expliquez-vous.

Les deux personnes qui causaient sur ce ton amical et se prodiguaient les sourires étaient, l’un le général Guerrero, l’autre le comte Louis de Prébois-Crancé, ces deux hommes que nous avons vus ennemis si acharnés.

Que s’était-il donc passé depuis le traité de Guaymas ? Quelle raison assez puissante leur avait fait oublier leur haine ? Quelle communauté d’idées pouvait-il exister entre eux pour avoir produit un changement si extraordinaire et si inexplicable ?

C’est ce que nous demandons au lecteur la permission de lui expliquer avant d’aller plus loin, d’autant plus que les faits que nous allons rapporter montrent le caractère mexicain dans tout son jour.

Le général, après le succès du traité de Guaymas et la façon dont, grâce à la trahison de don Cornelio, le soulèvement des pueblos avait été arrêté, crut avoir complétement gagné sa cause et être à tout jamais débarrassé du comte de Prébois-Crancé.

Celui-ci, malade presqu’à l’extrémité, incapable de rassembler deux idées, avait reçu l’ordre de quitter immédiatement Guaymas.

Ses amis, rendus à la liberté après la signature du traité, s’étaient hâtés de se rendre auprès de lui. Valentin l’avait fait transporter à Mazatlan, où le comte s’était peu à peu rétabli ; puis tous deux étaient partis pour San-Francisco, laissant en