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n’arrivait pas, son impatience et sa mauvaise humeur croissaient d’instant en instant ; il venait de reprendre son chapeau jeté sur un meuble, probablement dans l’intention de se retirer, lorsqu’une porte s’ouvrit et un domestique annonça :

— Son Excellence le général don Sébastian Guerrero.

— Enfin ! grommela entre ses dents le visiteur.

Le général parut. Il était en grand uniforme.

— Pardonnez-moi, mon cher comte, dit-il d’un ton affectueux, pardonnez-moi de vous avoir fait aussi longtemps attendre ; j’ai eu une peine infinie à me débarrasser des importuns qui m’obsédaient ; enfin me voici tout à vous et prêt à écouter avec l’attention convenable les communications qu’il vous plaira de me faire.

— Général, répondit le comte, deux motifs m’amènent aujourd’hui : d’abord le désir d’obtenir de vous une réponse claire et catégorique au sujet des propositions que j’ai eu l’honneur de vous faire il y a déjà quelques jours ; ensuite les plaintes que j’ai à vous adresser au sujet de certains faits fort graves qui ont eu lieu au préjudice du bataillon français, et dont sans doute, ajouta-t-il avec une certaine ironie dans la voix, vous n’avez pas eu connaissance.

— En voici la première nouvelle, monsieur le comte ; croyez que je suis résolu à rendre bonne et entière justice au bataillon français, dont je n’ai eu qu’à me louer depuis son organisation, tant à cause de la bonne conduite de tous ses membres indistinctement, que pour les services qu’il n’a cessé de rendre.