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vigoureuse résistance, si l’hacienda était attaquée, éventualité à laquelle, d’après les mouvements ordonnés par le général à ses troupes, on devait s’attendre d’un moment à l’autre.

Les peones de l’hacienda étaient nombreux, dévoués à leur maître ; la lutte menaçait d’être sérieuse.

Tout à coup on frappa à coups redoublés contre la porte.

Valentin, qui, depuis quelques minutes, semblait profondément réfléchir, se pencha à l’oreille de don Rafaëll et lui dit quelques mots.

— Oh ! répondit celui-ci, c’est presque une lâcheté que vous me proposez, don Valentin.

— Il le faut ! dit le chasseur avec insistance.

Et pendant que le Cœur-Loyal se dirigeait d’assez mauvaise humeur vers la porte, il entra vivement dans la maison.

Don Rafaël ouvrit un guichet pratiqué dans la porte et demanda qui était là et ce qu’on voulait ; puis, au grand étonnement de tous les assistants, après avoir parlementé quelques instants avec ceux qui demandaient si péremptoirement à entrer, il ordonna de débarricader la porte et de l’ouvrir.

En un instant, elle fut ouverte.

Le général parut alors accompagné de plusieurs officiers et s’avança résolûment dans l’intérieur.

— Je vous demande pardon de vous avoir fait attendre, général ; mais j’ignorais que ce fût vous, lui dit don Rafaël.

— Caramba, amigo, répondit le général en souriant tout en jetant un regard autour de lui, vous avez une nombreuse garnison ici, à ce que je vois ?

— Depuis les derniers événements qui ont eu lieu