Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Noir et moi, nous préparerons tout pour le voyage, chargez-vous, Cœur-Loyal, d’annoncer à doña Angela la détermination que nous avons prise.

— Faites donc et surtout hâtez-vous, dit Valentin ; je ne sais pourquoi, mais je voudrais déjà être parti.

Sans plus de paroles ils se séparèrent, et le chasseur demeura seul.

Valentin était malgré lui en proie à une inquiétude poignante ; il marchait avec agitation dans la salle, s’arrêtant parfois pour prêter l’oreille ou pour jeter un regard à travers les fenêtres, comme s’il se fût attendu à voir surgir un ennemi.

Enfin, n’y pouvant plus tenir, il sortit.

Les deux chasseurs s’occupaient activement de lacer les chevaux et de les seller, tandis que des peones amenaient des mules pour transporter les bagages.

Valentin sentait son inquiétude augmenter d’instant en instant : il aidait ses compagnons avec une impatience fébrile et engageait chacun à se hâter.

Une heure s’écoula. Tout était prêt, on n’attendait plus que doña Angela ; elle arriva accompagnée de doña Luz et de don Rafaël.

— Enfin ! s’écria Valentin, à cheval ! à cheval et partons !

— Partons, répétèrent les assistants.

Chacun se mit en selle.

Tout à coup, un grand bruit se fit entendre au dehors, et Curumilla parut les traits décomposés, la poitrine haletante.

— Fuyez ! fuyez ! s’écria-t-il, ils arrivent.

— En avant ! s’écria Valentin.