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La route avait été tellement foulée dans tous les sens depuis quelques jours, soit par les Français, soit par les Mexicains, qu’il fut impossible à ces chasseurs expérimentés de distinguer ou de relever aucune empreinte qui servît à les guider dans leurs recherches.

Les traces de chevaux, de chariots et d’hommes étaient tellement enchevêtrées les unes dans les autres qu’elles étaient complétement indéchiffrables, même pour l’œil le plus expérimenté.

A plusieurs reprises, Valentin avait essayé, mais vainement, de lire dans ce livre du désert.

Aussi, plus ils avançaient vers le but de leur course, plus les chasseurs étaient-ils inquiets et soucieux.

Il était environ huit heures du matin lorsqu’ils atteignirent l’hacienda.

Ils avaient voyagé toute la nuit sans s’arrêter, autrement que pour chercher les traces de l’homme qu’ils poursuivaient.

L’hacienda était calme ; les peones se livraient à leurs travaux ordinaires ; le ganado paissait en liberté dans les prairies.

Les chasseurs entrèrent.

Don Rafaël se préparait à monter à cheval pour aller, selon toute apparence, faire une tournée aux environs.

Un peon tenait en bride, devant lui, un magnifique mustang qui broyait son mors et piétinait d’impatience d’être si longtemps maintenu.

Lorsque l’haciendero aperçut les arrivants, il accourut vers eux en les menaçant gaîment de son chicote.