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señor Pavo ; le digne homme savait bien ce qu’il faisait.

Les deux marins se présentèrent au comte, qui leur fit dire qu’il ne pouvait les recevoir en ce moment, et qu’il les priait d’attendre un peu.

Les ambassadeurs, froissés dans leur amour-propre, et gonflés de l’importance de la mission dont ils étaient chargés, quittèrent immédiatement la maison du comte, en jurant contre son insolence, et s’en allèrent tout droit à la maison du général Guerrero.

Celui-ci, prévenu d’avance, savait ce qui arriverait ; il les attendait avec impatience.

Il les fit entrer aussitôt qu’ils eurent décliné leurs noms, les reçut de la façon la plus gracieuse ; puis, lorsqu’il les eut ainsi enivrés de fumée, il les fit signer — c’est apposer une croix que nous devrions presque dire — un traité par lequel ils reconnaissaient qu’ayant été lâchement trompés et abandonnés par leur chef, ils s’engageaient à mettre bas les armes et à quitter le pays moyennant la somme de onze mille piastres, c’est-à-dire à peu près cinquante-cinq mille francs ; il faut avouer que c’était pour rien et que le général Guerrero faisait une bonne affaire, d’autant meilleure que les armes de la compagnie lui restaient. Oh ! les Mexicains sont de fameux négociants et surtout de bien profonds diplomatess !


Ne pouvant vaincre la compagnie, les Mexicains l’avaient achetée à deux misérables par l’entremise d’un troisième dont le devoir était de la défendre.

Ainsi la compagnie Atrevida s’était suicidée elle-même ; elle avait seule opéré sa dissolution, sans même avoir cherché à revoir ce chef qui avait été son