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du moribond. Ces preuves de dévoûment venaient trop tard. Le comte, abreuvé d’outrages, avait bu le calice jusqu’à la lie : il n’avait plus foi en ses compagnons.

La retraite commença.

Malgré l’engagement solennel du général, ce fut une suite non interrompue d’escarmouches ; mais un dernier rayon de gloire vint se refléter sur les Français. Les aventuriers, réveillés par l’odeur de la poudre, retrouvèrent toute leur énergie pour repousser victorieusement les attaques des Mexicains, qu’ils contraignirent à s’éloigner honteusement et à renoncer à les inquiéter plus longtemps.

La compagnie campa à trois lieues de Guaymas, résolue à s’ouvrir passage et à entrer le lendemain de gré ou de force dans ce port.

Le comte, un peu ranimé par l’espoir d’un combat prochain, s’était endormi après avoir fait tous ses préparatifs.

Vers minuit, on le réveilla en lui annonçant des parlementaires.

Ces parlementaires étaient le señor Pavo et un négociant de Guaymas. Ils venaient de la part du général Guerrero. Ils étaient porteurs d’un armistice de quarante-huit heures et d’une lettre du général, qui priait instamment le comte de se rendre auprès de lui, afin de traiter directement de la paix.

— Je consens à l’armistice, répondit le comte. Que le général m’envoie une escorte, je me rendrai auprès de lui.

Ses compagnons se récrièrent :

— Pourquoi ne pas prendre votre cavalerie ? lui dit l’un d’eux.