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— Comment, trop tard ! s’écria le chasseur. Où est-il donc ?

— Il est parti avec une mission de la plus haute importance, dont je l’ai chargé pour les chefs des mécontents.

— Sacrebleu ! s’écria le chasseur, que faire ? Il est évident que le misérable va vendre nos secrets à l’ennemi.

— Attends, je lui ai donné une lettre pour don Rafaël, il ne peut faire autrement que de la remettre.

— C’est juste, quand ce ne serait que pour endormir les soupçons, je cours à l’hacienda del Milagro.

— Va, mon ami, malheureusement je ne puis t’accompagner.

— C’est inutile ; je te jure que si ce don Cornelio du démon tombe entre mes mains, je l’écrase comme une vipère qu’il est. Adieu.

Le chasseur sortit rapidement du cabildo, et quelques minutes plus tard, suivi de Belhumeur, de l’Élan-Noir, de Curumilla et de la Tête-d’Aigle, il galopait à toute bride sur la route de l’hacienda.

Le comte s’occupa alors, sans prendre un instant de repos, à organiser la tranquillité et la sûreté de la ville. La plupart des autorités mexicaines avaient pris la fuite : il en nomma d’autres, fit enterrer les morts, installa une ambulance pour les blessés, dont il donna la direction au père Séraphin, dont le dévouement évangélique fut, dans cette circonstance, au-dessus de tous les éloges.

Des postes et des corps de garde furent établis, et des patrouilles eurent ordre de parcourir la ville, afin de maintenir la tranquillité, mesure de précaution