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balles, n’avait pas reçu une égratignure ; on aurait dit qu’un charme le protégeait, car nul moins que lui n’avait épargné sa vie pendant le combat. Toujours il avait été au plus épais de la mêlée en avant des plus braves de ses compagnons, les encourageant du geste et de la voix, dédaignant de se servir de son sabre autrement que pour parer les coups qui lui étaient portés de trop près, et faisant à la fois l’office de chef et de soldat.

Aussitôt la bataille terminée, le comte s’installa au Cabildo, où les autorités mexicaines furent convoquées afin de s’entendre avec lui pour aviser à la sûreté de la ville. Don Cornelio ne l’avait pas quitté pendant le combat ; il avait fait bravement son devoir à ses côtés.

— Don Cornelio, lui dit-il, je suis content de vous, vous vous êtes vaillamment comporté ; je veux vous récompenser en vous donnant une mission de confiance de la plus haute importance. Êtes-vous trop fatigué pour monter à cheval ?

— Non, señor conde ; d’ailleurs vous savez que je suis un ginete émérite.

— C’est vrai. Voici deux lettres : une pour don Rafaël ; vous la remettrez en passant à l’hacienda del Milagro ; l’autre, quand vous serez en vue de la Magdalena, vous déchirerez la première enveloppe qui la recouvre, et vous la porterez à l’adresse que vous lirez ; alors en supposant que vous soyez arrêté et fait prisonnier en route, cette lettre ne doit pas être prise sur vous, nul ne doit en connaître le contenu. Vous m’entendez.

— Soyez tranquille, señor conde, le cas échéant, elle disparaîtra.