Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continua le négociant, vous offre, dis-je, la somme de…

— Assez, monsieur, s’écria le comte, rouge d’indignation ; un mot de plus serait une insulte que, malgré votre qualité de parlementaire, je n’aurais peut-être pas la patience de laisser impunie ; et c’est vous, monsieur, un homme qui se dit Français, qui osez vous faire le porteur de conditions aussi déshonorantes ? Vous mentez, vous n’êtes pas mon compatriote, je vous renie pour tel.

— Cependant, monsieur le comte… balbutia le pauvre diable, tout ébouriffé de cette verte réprimande et qui ne savait plus quelle contenance tenir.

— Assez, interrompit le comte ; et sortant sa montre de son gousset, regardez, continua-t-il d’un ton péremptoire qui n’admettait pas de réplique et terrifia les parlementaires, il est huit heures ; allez dire à votre préfet que dans deux heures j’attaquerai la ville et qu’à onze heures j’en serai le maître. Allez !

Et d’un geste de souverain mépris, il leur ordonna de se retirer.

Les malheureux parlementaires ne se firent pas répéter l’invitation ; ils tournèrent bride aussitôt et regagnèrent la ville l’oreille basse.

Le comte rejoignit au galop la tête de la colonne ; les officiers étaient groupés un peu en avant du front de bandière et attendaient avec impatience le résultat de la conférence.

— Messieurs, leur dit le comte en arrivant, préparons-nous à combattre.

Cette nouvelle fut accueillie par un long cri de