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Le comte de Prébois-Crancé ne s’était pas trompé un instant sur les brillantes qualités de Laville ; aussi en avait-il fait son favori, et chaque fois qu’il avait une mission difficile à donner à quelqu’un, c’était lui qu’il en chargeait, certain qu’il s’en tirerait à son honneur.

En cette circonstance, le succès dépassa son espérance, car de Laville exécuta le mouvement en avant qui lui avait été ordonné avec une si grande précision et un silence si profond que le comte se trouvait presque sur l’arrière-garde avant de se douter qu’il en fût aussi proche.

Afin de marcher plus rapidement et de n’être retardé en aucune façon, le capitaine avait abandonné les wagons et les bagages à une lieue environ de la ville, dans un rancho inhabité, sous la garde des malades, qui, bien que trop faibles pour combattre dans les rangs de la compagnie, pouvaient cependant, derrière des retranchements, opposer une résistance assez longue pour permettre à leurs compagnons d’arriver à leur secours.

Le comte passa au milieu des rangs, salué d’une voix affectueuse par ses compagnons, et vint se mettre en tête de sa troupe.

Depuis deux mois, les fatigues que don Luis avait éprouvées, la surexcitation continuelle dans laquelle

    recommandaient à tous les suffrages ; c’est lui qui figure dans notre récit sous le pseudonyme de de La Ville. M. O. de La Chapelle est mort bien jeune encore ; cette fin prématurée a été vivement sentie par tous ses amis, au nombre desquels l’auteur, bien qu’il ne l’ait que fort peu connu, est heureux de se compter, de le témoigner, en constatant la part héroïque qu’il a prise à la glorieuse expédition qui fait le sujet de cet ouvrage.

    Gustave Aimard.