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— Voilà le service que vous avez à me demander, Belhumeur ?

— Oui, pas d’autre.

— Alors vous vous êtes trompé, mon ami ; c’est un service à me rendre que vous voulez dire. J’accepte de grand cœur votre proposition, et je vous en remercie cordialement.

— Ainsi, c’est arrangé, vous nous admettez dans vos rangs ?

— Pardieu ! je serais un fou de ne pas le faire.

Belhumeur fit part à ses amis du succès de sa négociation, et ils s’en réjouirent comme si on les eût gratifiés de la plus belle chose du monde.

Après ce léger incident, la troupe, augmentée de ces trois nouvelles recrues, reprit sa marche.

Les Français filaient dans les ténèbres comme une troupe de silencieux fantômes, penchés sur le cou de leurs chevaux, interrogeant avidement les bruits du désert et sondant les ténèbres afin de saisir quelque indice qui les avertît qu’ils approchaient de leurs compagnons.

Le capitaine Charles de Laville, bien que fort jeune encore, semblait prédestiné au rôle qu’il jouait en ce moment. Son coup-d’œil était infaillible comme chef supérieur et comme subordonné ; non-seulement il comprenait avec une rapidité extrême les ordres qu’il recevait, mais encore il en saisissait l’esprit, et les exécutait avec une rare intelligence[1].

  1. On nous pardonnera de nous appesantir ainsi sur le caractère du jeune chef de Guetzalli que sans doute on déjà reconnu et dont nous sommes, à notre grande joie, autorisés aujourd’hui à révéler le vrai nom. Après la fin malheureuse du marquis de Pindray, la colonie de Cocospera nomma d’une voix unanime pour son successeur M. O. de La Chapelle, jeune homme que ses éminentes qualités