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— Que Dieu vous donne la victoire, reprit don Ramon, car vous combattez pour l’indépendance du peuple !

— Jamais plus ferventes prières n’auront été adressées au ciel que celles que nous allons lui adresser pour vous, noble don Luis, dit alors doña Luz.

Le comte se sentit le cœur serré.

— Je vous remercie tous, dit-il d’une voix émue ; vos souhaits me font du bien : ils me prouvent que, parmi les Sonoriens, il en est qui comprennent le noble but que je me propose. Merci, encore une fois.

Doña Angela s’approcha du comte.

— Don Luis, lui dit-elle, je vous aime ; faites votre, devoir.

Le comte se pencha vers elle et imprima un baiser sur son front pâle.

— Doña Angela, ma fiancée, dit-il avec un accent de tendresse impossible à rendre, vous ne me reverrez que vainqueur ou mort.

Et il fit un geste comme pour partir. En ce moment le père Séraphin prit place à ses côtés.

— Eh quoi ! lui dit-il avec surprise, vous m’accompagnez, mon père ?

— Monsieur le comte, répondit le missionnaire avec cette angélique simplicité qui faisait le fond de son caractère, je vais où mon devoir m’appelle, où je trouverai des douleurs à consoler, des infortunes à soulager ; laissez-moi vous suivre.

Louis lui serra silencieusement la main, après s’être une dernière fois incliné devant ses amis qu’il quittait peut-être pour toujours, il donna le signal du départ, et la cavalcade s’élançant au galop disparut dans la nuit.