Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cet homme était Curumilla.

— Eh bien, demanda Valentin, est-elle venue ?

L’Araucan baissa affirmativement la tête.

Le chasseur fit un geste de mauvaise humeur.

— Où est-elle ? dit-il,

L’Indien indiqua du doigt le feu que le chasseur avait aperçu.

— Le diable emporte les femmes ! grommela le chasseur ; ce sont les êtres les moins logiques qui existent. Comme elles se laissent toujours guider par la passion, elles renversent souvent sans y songer les plus sûres combinaisons.

Puis il ajouta à haute voix :

— N’avez-vous donc pas fait ma commission ?

Cette fois l’Indien parla.

— Elle ne veut rien entendre, dit-il, elle veut voir.

— Je le savais, s’écria le chasseur ; elles sont toutes les mêmes, têtes folles bonnes à faire des grelots pour les mules ! Et encore, celle-ci est une des meilleures ! Enfin, conduisez-moi près d’elle, je vais tâcher de la convaincre.

L’Indien sourit d’un air railleur, mais il ne répondit pas ; il se détourna et guida le chasseur vers le feu.

En quelques secondes le chasseur se trouva sur la lisière d’une vaste clairière au centre de laquelle, auprès d’un bon feu de bois mort, doña Angela et sa camérista Violanta étaient accroupies sur des monceaux de fourrures.

À dix pas derrière les deux femmes, plusieurs peones, armés jusqu’au dents, attendaient, appuyés sur leurs longues lances, le bon plaisir de leur maîtresse.