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II

La Mission.

Valentin, après s’être brusquement séparé du général, ainsi que nous l’avons rapporté à la fin de notre précédent chapitre, ne sembla nullement s’inquiéter d’être poursuivi, et si dans le premier moment il avait pressé le pas, il ne tarda pas à le ralentir.

Arrivé à peu près à une centaine de mètres de l’endroit où avait eu lieu son entrevue avec don Sébastian, il s’arrêta, leva les yeux au ciel et parut s’orienter, puis il reprit sa marche ; mais au lieu de se diriger vers la Mission, il lui tourna complétement le dos, fit un crochet sur la droite et revint sur la rive du fleuve, dont il s’était d’abord éloigné.

Bien qu’en ce moment sa course fût assez rapide, le chasseur paraissait fortement préoccupé, ses regards erraient machinalement autour de lui ; parfois il s’arrêtait, non pas pour écouter quelque bruit inconnu, mais par suite des pensées qui l’obsédaient et lui ôtaient le sentiment des choses extérieures.

Évidemment Valentin cherchait la solution d’un problème qui l’embarrassait.

Enfin, au bout d’un quart d’heure environ, il entrevit une faible lueur à quelques pas devant lui ; cette lueur brillait à travers les arbres ; elle semblait indiquer un campement.

Valentin s’arrêta et siffla doucement. Au même instant les branches d’un buisson, situé à cinq ou six mètres de lui, s’écartèrent sans bruit, et un homme parut.