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pions les intentions des riches hacienderos ou campesinos de cet État ; ils semblent fort bien disposés pour nous ; mais ne nous leurrons pas et ne nous laissons pas tromper par de fallacieuses promesses : ces gens ne feront rien, tant que nous n’appuierons pas notre expédition sur une base d’opérations solide ; en un mot, il nous faut nous emparer d’une ville. Si nous réussissons, notre cause est gagnée, car le pays tout entier se lèvera pour nous. Je vous ai conduits ici, parce que la Magdalena forme le sommet d’un angle où viennent aboutir trois routes, dont chacune conduit à une des capitales de la Sonora ; c’est d’une de ces trois villes que nous devons nous emparer, mais de laquelle ? Voilà la question. Toutes trois sont bourrées de troupes, de plus, le général Guerrero tient les chemins qui y conduisent, et il a, ajouta-t-il en souriant, juré qu’il ne ferait de nous qu’une bouchée, si nous osions faire un pas en avant. Mais cela ne vous inquiète que médiocrement, je le suppose ; revenons donc à la question importante. Capitaine de Laville, veuillez, je vous prie, donner votre avis.

Le capitaine s’inclina.

— Monsieur le comte, dit-il, je penche pour Sonora ; c’est une nouvelle ville, à la vérité, mais elle porte le nom du pays que nous prétendons délivrer, et cette considération est importante.

Plusieurs officiers parlèrent tour à tour, et la plupart se rangèrent à l’avis du capitaine de Laville.

Le comte se tourna vers Valentin.

— Et toi, frère, lui dit-il, quel est ton avis ?

— Hum ! fit le chasseur, je ne suis pas un grand clerc moi, tu le sais, frère, répondit-il, cependant