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qui sont arrivés juste à point pour nous protéger.

Un des étrangers s’approcha.

— Pardon, monsieur, dit-il en excellent français, vous êtes ce chasseur français dont on parle tant, Valentin Guillois, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur, répondit Valentin étonné.

— Moi, monsieur, je me nomme Belhumeur.

— Je vous connais, monsieur, mon frère de lait m’a souvent parlé de vous comme du meilleur de ses amis.

— Je suis heureux qu’il ait gardé de moi ce bon souvenir. Permettez-moi de vous présenter don Rafaël Garillas de Saavedra.

Les deux hommes se saluèrent et se pressèrent la main.

— Nous avons fait connaissance en gens de cœur, observa Valentin.

— N’est-ce pas la meilleure façon de se présenter l’un à l’autre ?

— Nous ne pouvons demeurer plus longtemps ici, observa le père Séraphin.

— Je vais moi-même retourner avec vous, señor padre, dit don Rafaël ; j’avais l’intention de me rendre au camp du seigneur comte, mais j’ai trouvé un meilleur moyen de le voir et d’en faire mon ami.

— Et quel est ce moyen ?

— C’est d’offrir un abri à doña Angela dans l’hacienda del Milagro, qui m’appartient.

— Oui, fit le missionnaire, pardonnez-moi, don Rafaël, de ne pas y avoir songé ; cet abri est en effet celui qui convient le mieux à cette dame.