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— Venez.

Don Cornelio le suivit.

Ce capitaine, que le lecteur a déjà reconnu sans doute, était le vieux soldat de l’indépendance que nous avons eu l’avantage de lui présenter sous le nom de don Isidro Vargas, âme damnée du général Guerrero, auquel il était dévoué comme la lame à la poignée.

L’Espagnol, tirant son cheval par la bride, entra dans une vaste clairière éclairée par une douzaine de feux, autour desquels étaient accroupis ou couchés une centaine d’hommes aux visages sinistres, aux accoutrements hétéroclites, mais tous armés jusqu’aux dents. Ces bandits, dont l’aspect farouche aurait fait le bonheur d’un peintre, éclairés par le reflet fantastique des flammes des brasiers, jouaient, buvaient et se disputaient à qui mieux mieux, et ne semblèrent pas s’apercevoir de l’arrivée de don Cornelio.

Celui-ci fit un geste de dégoût en les voyant, entrava son cheval près des leurs, et rejoignit le capitaine, qui déjà s’était installé devant un feu préparé sans doute spécialement pour lui, car aucun des dignes personnages qu’il avait l’honneur de commander n’y était assis.

— Maintenant, je vous écoute, dit le capitaine, dès qu’il vit son compagnon étendu confortablement à ses côtés.

— Ce que j’ai à vous dire ne sera pas long.

— Voyons toujours.

— En deux, mots, voici l’affaire : notre expédition de ce soir est inutile ; l’oiseau est déniché.

Le capitaine, selon son habitude dans ses mo-