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temps, les inconnus ne l’écoutaient plus ; ils avaient pris l’éveil et prêtaient avec anxiété l’oreille au bruit maintenant plus rapproché.

— Malédiction ! s’écria celui qui toujours avait tenu la parole, ce démon s’est joué de nous !

Il enfonça les éperons dans le ventre de son cheval.

Mais le noble animal, au lieu de se lancer en avant, se dressa presque droit avec un hennissement de douleur et s’abattit comme une masse.

Curumilla, d’un revers de son machete, lui avait tranché les jarrets.

Après cet exploit, l’Indien poussa un long cri d’appel, auquel répondit aussitôt un formidable hurra.

Cependant l’élan était donné, les bandits se précipitèrent en avant avec un hurlement féroce.

Le missionnaire déchargea ses pistolets, plutôt afin d’accélérer l’arrivée de ses ami « inconnus que dans le but de blesser ses ennemis ; ce qui fut facile à reconnaître, car personne ne tomba, et, aussi rapprochées que se trouvaient les deux troupes, il était presque impossible de manquer son coup.

Au même instant, cinq ou six cavaliers arrivèrent comme un ouragan sur les inconnus. Une mêlée effroyable commença et les balles sifflèrent dans toutes les directions.

Le missionnaire avait mis pied à terre, et, obligeant les deux femmes à en faire autant, il les avait entraînées à quelques pas en arrière afin de les mettre à l’abri des balles.

Mais la lutte ne fut pas longue ; au bout de cinq minutes, les bandits s’enfuirent à toute bride, poursuivis de près par les nouveaux venus et laissant étendus sur le terrain quatre des leurs.