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portera avant une heure. Pendant ce temps-là, doña Angela complétera ses préparatifs de départ.

Nul ne fit d’objection, et la jeune fille fut laissée seule.

Moins d’une heure après, doña Angela et Violanta, revêtues de robes de moines que don Cornelio avait achetées au pueblo et le visage caché sous de grands chapeaux à larges bords montèrent à cheval, et, après avoir fait de chaleureux adieux à leurs amis, elles sortirent du camp en compagnie du père Séraphin.

En se séparant, Violanta et don Cornelio avaient échangé à la dérobée un regard qui aurait donné fort à penser à don Luis et à Valentin, s’ils avaient pu l’apercevoir.

— Je ne suis pas tranquille, murmura don Luis en hochant tristement la tête. C’est une bien faible escorte qu’un prêtre dans le temps où nous vivons.

— Rassure-toi, répondit Valentin, j’y ai pourvu.

— Oh ! tu penses toujours à tout, frère.

— N’est-ce pas mon devoir ? Maintenant, occupons-nous de nous. La nuit ne va pas tarder à tomber, il nous faut prendre nos précautions pour ne pas nous laisser surprendre.

— Tu sais que, à part les quelques mots que tu m’as fait dire par Curumiila, j’ignore complétement les détails de cette affaire.

— Ces détails seraient trop longs à te donner en ce moment, frère, à peine s’il nous reste le temps nécessaire pour agir.

— As-tu un projet ?

— Certes, s’il réussit, je te jure que les gens qui nous veulent surprendre seront fort penauds.