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protéger contre les maraudeurs de l’armée ennemie.

— Mon ami, le respect de tous, partout et toujours, nous vaudra mieux qu’une escorte, souvent compromettante.

— Pour vous, oui ; mais, mon père, vous ne songez pas que vous voyagez avec deux femmes qui seront immédiatement reconnues.

— C’est vrai, fit-il avec simplicité ; je n’avais pas songé à cela.

— Comment faire alors ?

— Doña Angela se mit à rire :

— Vous voilà, messieurs, bien empêchés pour peu de chose. Le bon père l’a dit, il n’y a qu’un instant, son habit est la plus sûre sauvegarde, amis et ennemis le respecteront en toutes circonstances.

— C’est vrai, appuya le missionnaire.

— Eh bien, ceci est bien simple : il me semble, ma camérista et moi, si cela ne déplaît pas au père Séraphin, nous endosserons un froc de novice, sous lequel il nous sera facile de nous déguiser si bien que nul ne nous pourra reconnaître.

Le père Séraphin sembla profondément réfléchir pendant quelques instants.

— Je ne vois pas d’obstacles sérieux à ce déguisement, dit-il enfin ; dans cette circonstance, il est licite, puisqu’il ne sert que de bonnes intentions.

— Où trouver des frocs de moine ? objecta la comte, moitié riant, moitié sérieux ; je dois avouer que dans mon camp j’en suis complétement dépourvu.

— Je m’en charge, moi, dit Valentin, je vais expédier à la Magdalena un homme sûr, qui les rap-