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charmante onction, c’est Dieu qui vous inspire cette détermination ; le chagrin que vous éprouverez pendant une séparation de quelques jours à peine doublera pour vous le bonheur d’une réunion à laquelle nul n’osera plus s’opposer, qui, non-seulement vous relèvera dans l’opinion publique, toujours précieuse à conserver, mais encore donnera à votre réputation un lustre que l’on aura vainement cherché à ternir.

— Allez donc, puisqu’il le faut, doña Angela, dit le comte ; je vous remets entre les mains de ce bon père ; mais je jure Dieu que quinze jours ne s’écouleront pas sans que nous soyons réunis.

— Je retiens votre promesse, don Luis ; elle m’aidera à supporter avec plus de courage les angoisses de l’absence.

— Quand comptez-vous partir ? demanda Valentin.

— À l’instant ! s’écria la jeune fille ; la douleur comme la joie doit se brusquer. Puisque cette séparation est inévitable, finissons-en tout de suite.

— Bien parlé, fit Valentin. Pardieu ! j’en reviens à ce que j’ai dit déjà, doña Angela, vous êtes une femme forte et noblement courageuse, et je vous aime, vive Dieu ! comme une sœur.

Doña Angela ne put s’empêcher de sourire de l’enthousiasme du chasseur.

Celui-ci continua :

— Diable ! mais nous ne songions pas à cela, il nous faut une escorte…

— Pourquoi faire ? demanda simplement le prêtre.

— Pardieu ! je vous trouve charmant : pour vous