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de sympathie ; elles me sont bien douces, puisqu’elles me prouvent que vous ne vous êtes pas mépris sur mon caractère. Je viens au fait sans plus de circonlocutions.

— Écoutez ! écoutez ! murmurèrent les assistants.

Le comte attendit quelques minutes, puis, lorsque le silence fut complétement rétabli, il continua :

— Messieurs, la Sonora est la contrée la plus fertile et la plus riche, non-seulement du Mexique, mais encore du monde entier. Par sa position à l’extrémité du centre de la Confédération dont elle est séparée par de hautes montagnes et de vastes despoplados, la Sonora est un pays à part, appelée, dans un avenir prochain, à se séparer de la Confédération mexicaine. La Sonora se suffit à elle-même ; les autres provinces ne lui fournissent rien ; c’est elle, au contraire, qui les nourrit et les enrichit du surplus de ses productions. Mais la Sonora, grâce au système de pression sous lequel elle gémit, n’est, à proprement parler, qu’un vaste désert ; la plus grande partie de son territoire est inculte, car le gouvernement de Mexico, qui sait si bien la pressurer et s’emparer des productions de son sol et de l’or et de l’argent de ses mines, est impuissant à la protéger contre les ennemis qui l’entourent et qui sont les Indios bravos dont les incursions, chaque année plus insolentes, menacent de le devenir encore davantage, si un prompt remède n’est pas apporté à la situation et le mal coupé dans sa racine. J’ai dit en commençant que, dans un avenir prochain, la Sonora serait séparée de la Confédération mexicaine. Je m’explique : cela arrivera inévitablement, mais de deux façons différentes, quant au