— Eh bien, monsieur ?
— Voilà justement où est l’erreur, don Valentin.
— Comment cela, señor Anastasio ?
— Mais il me semble que nous n’avons pas de propositions à faire au seigneur comte, que c’est nous au contraire qui devons écouter les siennes.
Un murmure d’assentiment parcourut les rangs des assistants.
Don Luis comprit qu’il était temps d’intervenir.
— Messieurs, dit-il en saluant gracieusement les hacienderos, voulez-vous me permettre de m’expliquer franchement avec vous ? Je suis convaincu que dès que je l’aurai fait, tout malentendu cessera, et que nous nous entendrons parfaitement.
— Parlez ! parlez ! seigneur comte, dirent-ils.
— Messieurs, reprit-il, je n’entrerai ici dans aucun détail qui me soit personnel ; je ne vous dirai pas comment et pourquoi je suis arrivé à Guaymas, de quelle façon le gouvernement de Mexico, après avoir méconnu toutes les promesses qu’il m’avait faites, a fini par me déclarer ennemi de la patrie, me mettre au ban de la société, a poussé l’impudeur jusqu’à me traiter de pirate et mettre ma tête à prix, comme si j’étais un bandit ou un misérable assassin, ce serait perdre des instants précieux et abuser gratuitement de votre patience, puisque vous savez tous pertinemment ce qui s’est passé.
— Oui, monsieur le comte, interrompit l’haciendero qui déjà avait parlé, nous connaissons les faits auxquels vous faites allusion ; nous les déplorons et nous en rougissons pour l’honneur de notre pays.
— Je vous remercie, messieurs, de ces marques