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Ils se trouvèrent alors dans une grande salle où les murs étaient blanchis à la chaux et le parquet simplement de terre battue. Pour tous meubles, il n’y avait que des bancs, sur lesquels étaient assis une cinquantaine d’hommes, dont quelques-uns portaient le costume ecclésiastique. Des rideaux de percale rouge placés devant les fenêtres décomposaient la lumière et empêchaient en même temps que du dehors on pût rien apercevoir de ce qui se passait à l’intérieur.

À l’entrée de Valentin et du comte, tous les assistants se levèrent et se découvrirent avec respect.

— Caballeros, dit le chasseur, selon ma promesse, j’ai l’honneur de vous présenter le comte de Prébois-Crancé, qui a bien voulu consentir à m’accompagner afin d’écouter les propositions que vous avez à lui faire.

Tous s’inclinèrent cérémonieusement devant le comte ; celui-ci leur rendit leur salut avec cette grâce et cette aménité qui lui étaient particulières.

Un homme d’un certain âge, à la figure fine et intelligente, revêtu du magnifique costume des riches hacienderos, s’avança alors, et, s’adressant au chasseur :

— Pardon, monsieur, lui dit-il avec un accent légèrement railleur, je crois que vous venez de commettre une légère erreur.

— Veuillez vous expliquer, señor don Anastasio, répondit le chasseur. Je ne comprends pas les paroles que vous me faites l’honneur de m’adresser.

— Vous avez dit, monsieur, que monsieur le comte voulait bien nous faire l’honneur de venir écouter les propositions que nous avions à lui faire.