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La marche était fermée par une arrière-garde d’une vingtaine de cavaliers.

Cette petite armée, forte d’environ trois cents hommes, traversa le pueblo dans toute sa longueur, passant la tête haute et le regard assuré devant la double haie de curieux formée sur sa route et s’arrêta à un signe de son chef à cent mètres du pueblo, au sommet du triangle formé par l’embranchement des trois routes.

Là, le front de bandière fut formé et l’ordre de camper donné à la troupe.

Il est sans doute inutile d’avertir le lecteur que cette armée n’était autre que la compagnie Atrevida commandée par le comte de Prébois-Crancé.

Du reste, la bonne tenue de cette troupe, son air martial, avait prévenu en sa faveur la population du pueblo qu’elle avait si audacieusement traversé. Sur son passage, des sombreros et des mouchoirs avaient été agités, et des bravos s’étaient fait entendre.

Le comte, à cheval, à quelques pas en avant du gros de la compagnie, n’avait pas cessé un instant de prodiguer de gracieux saluts à droite et à gauche, saluts qui lui avaient été rendus avec usure pendant tout le parcours du village.

Aucun peuple ne peut lutter avec les Français pour leur adresse à tirer parti de tout et faire ce que l’on appelle flèche de tout bois en campagne.

Dès que l’ordre de camper fut donné, chacun se mit à l’œuvre et en moins de deux heures, les aventuriers, utilisant avec intelligence tout ce qui se trouvait à leur portée, eurent établi le camp le plus pittoresque et le plus gracieux qui se puisse imaginer.