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sait fort bien que sa visite ne peut que nous être agréable.

— Ah ! et pour qui donc, alors ?

— Pour une personne dont il répondait corps pour corps pendant son séjour au milieu de nous, mais dont il taisait le nom.

— Hum ! cela n’est pas clair.

— C’est ce que j’ai pensé, j’ai même engagé le commandant à refuser.

— Ainsi ?

— Il a accordé le sauf-conduit, s’appuyant sur ce raisonnement, qui, du reste ne manque pas d’une certaine logique, que l’homme pour qui on demande un sauf-conduit est évidemment un ami ou un ennemi, et que dans les deux cas il est bon de le connaître afin plus tard, de le traiter selon qu’il le méritera.

Les deux Français ne purent s’empêcher de rire à ce singulier raisonnement.

— Enfin, qu’est-il résulté de tout cela ? reprit le comte.

— Il est résulté que ce matin, le père Séraphin est arrivé à la Mission, accompagné d’une personne enveloppée avec soin dans les plis épais d’un large manteau.

— Ah ! ah ! Et cette personne ?

— Je vous donne à deviner en mille qui elle est.

— Je crois que vous ferez mieux de me la nommer tout de suite.

— Je le crois aussi. Eh bien, préparez-vous à entendre quelque chose d’incroyable. Cette personne n’est rien moins que don Sébastian Guerrero.

— Le général Guerrero ! s’écria le comte en bondissant sur son siége.