Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Comment, vous le présumez ?

— Oui, parce que je ne puis disposer de cette troupe et changer le but de l’expédition sans l’assentiment général.

— C’est juste, fit le comte dont les traits se rembrunirent.

— Mais soyez sans inquiétude, reprît le capitaine ; cet assentiment nous l’obtiendrons facilement lorsque les colons sauront quels intérêts je prétends servir.

— Dieu le veuille !

— Je garantis le succès ; vous avez sans doute tous les bagages nécessaires pour entrer en campagne ?

— À peu près ; seulement, je dois vous avouer que tous mes arrieros m’ont abandonné, et ont quitté furtivement mon camp.

— Diable ? et naturellement ils ont emmené leurs mules avec eux ?

— Toutes sans exception, ce qui fait que je suis assez embarrassé pour le transport de mes bagages et pour les attelages de mon artillerie.

— Bon, bon, nous pourvoirons à tout cela ; j’ai ici, comme vous l’avez vu, d’excellents wagons ; je suis, en outre fourni de mules, et il y a dans la colonie des hommes parfaitement capables de les conduire.

— Hum ! ce ne sera pas un mince service que vous me rendrez là.

— J’espère vous en rendre de plus grands encore.

Les trois hommes étaient rentrés dans l’intérieur de la maison et causaient ainsi dans la salle où avait eu lieu la conférence avec le colonel Suarez.