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donc été plus facile à de Laville que d’acquiescer à la demande du colonel ; cependant les allures de celui-ci lui semblaient si peu naturelles, il croyait entrevoir dans ses manières quelque chose de si mystérieux qu’il sentit augmenter son inquiétude, et répondit :

— Je ne sais, colonel, si malgré mon vif désir de vous être agréable, il me sera possible de vous satisfaire ; les chevaux sont fort rares ici en ce moment.

Le colonel fit un geste de contrariété.

— Caramba ! fit-il, cela me chagrinerait fort.

En ce moment, un peon entr’ouvrit discrètement la porte et remit au capitaine un papier sur lequel quelques mots étaient écrits au crayon. Le jeune homme, après s’être excusé, ouvrit le papier et le parcourut rapidement des yeux.

— Oh ! s’écria-t-il tout à coup, en froissant avec agitation le papier dans ses mains, lui ici, que se passe-t-il donc ?

— Hein ? fit avec curiosité le colonel, qui n’avait pas compris le sens de cette exclamation prononcée en français.

— Rien, répondit-il, ou du moins une chose qui m’est toute personnelle ; puis se tournant vers le peon : J’y vais, dit-il.

Le peon salua et sortit.

— Colonel, reprit de Laville, en s’adressant à son hôte, permettez-moi de vous laisser un instant.

Et sans attendre la réponse, il quitta rapidement la salle, en fermant soigneusement la porte derrière lui.

Cette brusque sortie décontenança totalement le colonel.