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à leur chef l’était de même aux lanceros et à l’arriero, par les officiers subalternes de la colonie.

Pendant quelques minutes, la conversation fut interrompue entre le capitaine et son hôte.

Le colonel mangeait et buvait avec une avidité qui, vu la sobriété bien connue des Mexicains, prouvait évidemment qu’il avait longtemps jeûné.

De Laville l’examinait d’un air pensif, se demandant mentalement quelle raison assez importante avait engagé le général Guerrero à expédier en si grande hâte un officier du grade du colonel à Guetzalli, et, malgré lui, il sentait une vague inquiétude lui serrer sourdement le cœur.

Enfin, don Vicente Suarez but un verre d’eau, s’essuya la bouche, et se tournant vers le capitaine :

— Mille fois pardon, lui dit-il, d’en avoir agi ainsi sans façon avec vous ; mais maintenant je vous avouerai que je tombais presque d’inanition, n’ayant rien pris depuis huit heures du soir.

Le capitaine s’inclina.

— Vous ne comptez pas sans doute repartir ce soir ? lui demanda-t-il.

— Pardonnez-moi, caballero ; si cela est possible, je repartirai dans une heure.

— Si tôt.

— Le général m’a recommandé la plus grande diligence.

— Mais vos chevaux sont à demi fourbus.

— Je compte sur votre obligeance pour me procurer des montures fraîches.

Les chevaux ne manquaient pas à la colonie ; au contraire, il y en avait beaucoup plus qu’il n’était nécessaire pour les besoins des colons, rien n’aurait