Page:Aimard - Curumilla, 1860.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fût des côtes, cependant, à de longs intervalles, les bruits du dehors parvenaient jusqu’à elle.

Des émigrants passaient par troupes à Guetzalli ; tous se rendaient en Californie.

Car la Californie était alors la terre promise.

Tous ces émigrants gambucinos ou aventuriers mexicains ne rêvaient que placeres inépuisables, mines d’une richesse immense.

La fièvre d’or, cette horrible maladie que les Anglais ont si bien stygmatisée en la nommant énergiquement la fièvre jaune métallique, était à son apogée.

De tous les coins du monde, Européens, Asiatiques, Africains, Américains, Océaniens, des aventuriers de toute sorte s’abattaient comme des volées de sinistres sauterelles, sur cette terre qui devait leur être fatale et les engloutir après des souffrances inouïes.

Croisade impie des appétits les plus vils, le cri de ralliement était : De l’or ! de l’or !

Ces hommes qui abandonnaient patrie, famille, tout enfin, n’avaient qu’un désir, qu’une aspiration : amasser de l’or, toujours de l’or.

Cela était hideux à voir.

Et ces troupes se succédaient les unes aux autres à la colonie, les regards opiniâtrement fixés à l’horizon, et ne répondant que deux mots aux questions qui leurs étaient faites :

Californie, placeres.

Pour conquérir ce métal roi, tout moyen devait leur être bon, rien ne pourrait les arrêter ; ils étaient prêts à tout, à commettre les crimes les plus odieux,