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par le désir d’acquérir les richesses si prônées de San-Francisco.

Dans cette ville, où il était arrivé avec son frère, homme plus âgé et d’un caractère plus sérieux que le sien, le hasard l’avait rapproché du comte de Lhorailles. Le comte exerçait, peut-être à son insu, une influence irrésistible sur ceux qui le connaissaient même superficiellement. Lorsqu’il organisa son expédition, il n’eut pas de peine à emmener avec lui Charles de Laville, qui le suivit malgré les sages représentations de son frère.

Le comte, connaisseur en homme, avait apprécié à sa juste valeur le caractère probe, loyal et désintéressé de Charles de Laville. Aussi était-il le seul de tous ses compagnons avec lequel il se laissât parfois aller à causer presque librement et à confier quelques-uns de ses projets.

Il savait que le jeune homme ne se ferait jamais une arme de ces confidences, et qu’au contraire, en toutes circonstances, il l’aiderait de tout son pouvoir.

Lorsque Monsieur le comte de Lhorailles fut sur le point de partir pour la désastreuse expédition dont il ne devait pas revenir, expédition, entre parenthèses, à laquelle Charles de Laville s’opposait opiniâtrement, ce fut à lui que le comte remit le gouvernement et confia la direction de la colonie en son absence, persuadé qu’entre ses mains les affaires de Guetzalli ne pouvaient que prospérer.

De Laville accepta à contre-cœur la mission de confiance que lui donnait son chef ; c’était une lourde charge pour lui, jeune et inexpérimenté, que cette surveillance active de tous les instants qu’il allait