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LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

serpentait jour et nuit sur les montagnes, l’âpre concert des tempêtes rugissait dans les grands bois, le désert était sillonné par les tourmentes.

Au lieu de l’aubépine joyeuse, des fleurs de mai, des jeunes pousses de l’Érable à sucre, on voyait partout un blanc manteau de neige : c’était la joie des enfants, qui, peu soucieux de la saison, bâtissaient des maisons fondantes, se lançaient des boules faciles à briser, glissaient, tombaient et se poursuivaient joyeusement, se lançant en l’air leurs chaudes haleines qui formaient de petits nuages éphémères.

Cependant, à l’hôtellerie de l’Oncle Jerry, nonobstant nuages et tempêtes, se faisaient de merveilleux préparatifs de noces. Tous les voisins du New-Hampshire et du Vermont, à quarante milles à la ronde, étaient prévenus qu’on ne pouvait manquer un tel rendez-vous, les sentiers fussent-ils rompus, les passages des montagnes interceptés, les ruisseaux débordés ; jamais pareille assemblée n’aurait été vue, depuis l’inauguration de la nouvelle église.

Confortablement installée à la cime d’un « bon et honnête côteau, » la vieille maison était vaste mais laide ; on y trouvait toutes les dépendances