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LES PIEDS FOURCHUS

mes rhumatismes, mon garçon, pare-moi cette botte.

En disant ces mots, l’aigre vieillard enleva d’un coup de pied le chapeau de Luther, sur sa tête, et le fit voler dans les branches d’un arbre.

Le Brigadier avait été un fameux lutteur dans son temps le tour qu’il venait de faire était une passe à laquelle il n’avait jamais rencontré de parade.

Ces démonstrations joviales rendirent Luther plus heureux, il respira librement et se trouva merveilleusement disposé à répondre à sa mère qui l’appelait du seuil de la porte.

— Eh ! oui, mère ! nous sommes à vous dans un moment, s’écria le vieillard qui pensa seulement alors à son déjeuner interrompu et au chapitre de la Bible. Au même instant il prit le galop avec la légèreté d’un Rhinocéros, et arriva dans la cuisine suivi de Luther qui pouvait à peine lui tenir pied.

Sur leur passage ils rencontrèrent Burleigh debout à l’entrée du vestibule : l’Oncle Jerry remarqua qu’il tenait à la main un chiffon de papier froissé. Le maître d’école, d’un air consterné, tournait et retournait cela en tous sens comme