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LES PIEDS FOURCHUS

soigneusement enveloppés de leurs draps, quelques-uns, même, ayant la tête sous l’oreiller : évidemment ils n’étaient pour rien dans tout ce bruit. La prudente matrone, ne se fiant pas aux apparences, les éveilla d’autorité, et les confessa sévèrement : aucun d’eux n’avait bougé depuis la visite de la cousine Loo-Loo ; mais tous se plaignirent d’avoir été effrayés par des bruits extraordinaires autour de la chambre, dans le grenier et la cheminée. Jerutha Jane, les lèvres pâles et montrant le blanc des yeux, déclara que son lit avait été houspillé, et qu’elle avait vu quelque chose passer par la fenêtre.

– Oh ! effrontée ! répondit la Tante Sarah ; va te coucher et laisse-nous tranquilles avec tes sottises. L’orage vous a tourné la cervelle à tous.

En redescendant, elle fit part à son mari de ce qu’elle avait constaté, après quoi elle s’assit, toute essoufflée, dans le grand fauteuil en cuir, envoya Luther balayer la neige amoncelée devant la porte d’entrée, et toute la famille resta pendant quelques minutes plongée dans un silence complet.

Tout à coup l’Oncle Jerry releva sa tête qu’il